L’épreuve de la guerre

Entre 1936 et 1954, la première directrice du lycée est Mademoiselle Suzanne Forfer, chef d’établissement d’exception, qui doit affronter l’épreuve de la guerre. Elle est appelée par le ministère du Lycée Lamartine qu’elle dirigeait à Paris et assistée par deux surveillantes générales : Mademoiselle Marie Dumas, ancienne directrice du cours Florian, et Mademoiselle Juliette Sardou. Le 9 octobre 1936, le lycée accueille 496 élèves du Jardin d’Enfants au Lycée en passant par les classes primaires, dont 68 demi-pensionnaires et 22 élèves du Jardin d’Enfants. Les effectifs augmentent progressivement pour atteindre 849 élèves en 1939. Agrégée d’histoire et chevalier de la Légion d’Honneur, Suzanne Forfer fut invitée en 1944 à participer à la création du journal Le Monde et en 1976 son fondateur Hubert Beuve-Méry se rendit à ses obsèques pour lui rendre hommage.

                                       La Directrice, Suzanne Forfer (1889-1976)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, un détachement de l’état-major de la Luftwaffe, chargé des aérodromes de Villacoublay et Toussus-le-Noble, occupe le lycée Marie-Curie. Les bâtiments sont occupés d’octobre 1940 à août 1944 et voient l’installation de batteries anti-aériennes sur les terrasses. Les soldats occupent les salles de classe transformées en dortoirs. L’appartement de fonction de la directrice est affecté au service d’un général allemand qui jette par les fenêtres le mobilier qu’il jugeait « inadapté ». Indignée, Suzanne Forfer adressa une lettre de vive protestation aux Autorités d’Occupation. Elle occupe un logement en ville au 112 rue Houdan.

Dès avant la guerre, en prévision de bombardements, certaines pièces du sous-sol du lycée Marie-Curie furent transformées en abris par la Défense passive, suite à la loi de 1935. Ces mêmes abris furent réemployés par les Allemands quand ils occupèrent le lycée Marie-Curie. Chaque abri est muni d’une porte blindée et d’un toilette. Des poutres en acier viennent renforcer la structure de la pièce au sol et au plafond.

L’occupation du lycée Marie-Curie oblige les jeunes filles à se réfugier au lycée Lakanal, lui-même déjà occupé par l’armée allemande, où s’effectue la rentrée 1940. Toutes les classes secondaires étaient à Lakanal, séparément des garçons, et les classes primaires déplacées au Petit Château, à côté de l’église. Les Conseils d’administration du lycée Marie-Curie se tiennent dans le cabinet de la Directrice à Lakanal.

Suzanne Forfer apporte son soutien à Mme Alice Pick, professeur de mathématiques, frappée par le statut des juifs. Cette
dernière, réfugiée à Saint-Etienne à partir de 1942, obtient sa réintégration au lycée en 1944. Anne-Marie Warin, professeur de Lettres, perdit quant à elle son mari le résistant Jean Warin, professeur de philosophie, déporté à Neuengamme.

Des élèves juives portèrent l’étoile jaune au lycée Marie-Curie comme Béatrice Klapisch, dont le père mourrut assassiné à Auschwitz, ou encore Liliane Karaismsky, qui obtint son bac en 1944, soeur de Jacques Carat, futur maire de Cachan. Danielle Gosset et sa sœur, quant à elles, perdirent leur père le résistant déporté Jean Gosset, chef du réseau Cohors-Asturies.

Le 17 août 1944, l’armée allemande évacue le lycée Marie-Curie et le 31 août 1944, une cérémonie en l’honneur de la Libération est organisée dans la cour centrale en présence du Conseil d’Administration, des professeurs, des élèves, des agents du lycée et du personnel du lycée Lakanal.

 

THOMAS Gilles, Abris souterrains de Paris. Refuges oubliés de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Parigramme, 2017.

OFFRET Hélène, « Un héritage enfoui sous le lycée Marie-Curie », Bulletin des Amis de Sceaux, n°39, 2023, p. 104-118.

DUPART Chloé « Le lycée Marie-Curie : un lycée de jeunes filles à Sceaux », Bulletin des Amis de Sceaux, 2023.

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